Le "Ventoux" et le "Lastours" sous bannière FFM, Thierry Aubert s'explique

Le Ventoux Trial Classic, Le Lastours Trial Classic passent sous la bannière de la FFM

Le club organisateur des célèbres classiques de trial à l'ancienne françaises, le Provence Trial Classic a décidé que ses organisations de trial de 2 jours se dérouleront sous l'égide de la FFM.

Le Sunday Ride Trial Classic a été une première mais aussi le "VTC" 2018 et le "LTC" 2019 seront "FFM"... c'est une petite révolution dans le petit monde du trial à l'ancienne puisque ces trial étaient organisées "hors fédération".

Thierry Aubert, le Président du Provence Trial Classic nous explique pourquoi.

 

Alors c'est une révolution de rejoindre la FFM ?

"Non ce n'est pas une révolution mais une évolution... 

Le monde de la moto est unique, nous avons tous la même passion, cette évolution est naturelle, compte tenu les circonstances, la FFM était le choix adapté puisque c'est la Fédération de la moto. 

En 2016, nous avions eu une table ronde très constructive à Paris avec les représentants de l'Afata, du Chetra et du Stat avec la Direction de la FFM pour évoquer le trial à l'ancienne, Cette étape a été déterminante pour connaître la motivation de la Fédération et pour communiquer nos particularismes, notre vision de la pratique. Nous sommes restés en relation pour échanger sur la gestion sportive de notre discipline.

 

 

Pourquoi donc faire basculer les classiques ?

Depuis de nombreuses années, le PTC a tout fait, s'est battu, a été novateur  pour proposer aux amateurs de beaux trials en utilisant les textes réglementaires en vigueur, à naviguer à vue compte tenu des couvertures d'assurance des manifestations. Le PTC a toujours su s'adapter et prendre les décisions adéquates pour faire vivre nos classiques et la discipline. Aujourd'hui les choses ont évolué, il convient de se rendre à l'évidence sans une forte structure fédérale qui a du poids pour vous soutenir, il sera de plus en plus difficile de défendre les dossiers en Préfecture. J'ajoute à cela que nous voulions conserver le côté "International" à nos classiques et seule la FFM le permet.

Les trialistes évoluent dans la zone, les organisateurs eux évoluent essentiellement dans les méandres législatifs, réglementaires et textes environnementaux... en plus du travail de terrain. Cet été un nouveau décret est venu modifier le cadre juridique de nos trials. La disposition dans le code du sport nous permettant d'organiser "hors fédération" a été abrogée et nous étions condamnés à nous soumettre à la décision des Préfectures au coup par coup... cette épée de Damoclès à 2 semaines d'un trial était incompatible avec le travail pour un VTC ou un LTC... Notre Fédération historique l'Ufolep ne proposait rien de convainquant et depuis quelques années, elle est étrangement absente.

 

Suite à la disparition de notre ami Philippe, mon équipe et moi nous sommes interrogés sur la protection que nous devions aux pratiquants qui peuvent se blesser ou même pire. Dans l'état actuel des choses, nous ne proposons pas grand chose même si nous informons les pilotes de cela, ce n'est pas suffisant, nous avons une obligation morale. 


Quel est l'apport de la FFM dans le trial à l'ancienne ?

 

Déjà, les hautes instances de la FFM ont une volonté de comprendre et d'intégrer au mieux nos particularismes de pratique. Cela s'est traduit déjà par quelques décisions importantes. On peut citer, l'évolution des "Règles Techniques de Sécurité" les ("RTS") pour 2019 avec la prise en compte de certaines demandes, coupe circuit, repose-pieds notamment. L'adaptation des tarifs "licence à la manifestation" pour deux jours avec un tarif préférentiel que nous souhaitons faire perdurer. La reconnaissance des qualifications "Ufolep" pour l'encadrement des manifestations en les reconnaissant comme officiels "FFM". La prise en compte des licences "Ufolep" comme justificatif "CASM" pour une licence FFM...  

Il y a encore énormément de sujets de discussion avec la mise en place d'un "Label", trial à l'ancienne pour 2019, il y a encore des évolutions à négocier notamment pour favoriser la pratique à "l'international", l'intégration des spécificités "trial à l'ancienne" dans les cursus de formation des officiels. Il existe de nombreux axes de développement et nous bénéficions d'une oreille attentive ce qui est important mais les apports de la FFM sont aussi d'autres natures et concernent les organisations à savoir :

 

- Un appui technique et juridique dans nos organisations : Les débats avec les Préfectures sont de plus en plus techniques et juridiques, souvent les services instructeurs des Préfectures ne facilitent pas les choses et l'intervention du service juridique de la FFM débloque les situations...

J'ai un exemple avec un blocage que nous avons rencontré pour le Trial Classic des Portes de Lure... La Préfecture réclamait la fourniture une liste de pilotes 6 jours avant le trial... cette obligation ne s'appliquait pas pour nous, le club a fournis le texte permettant cette dérogation mais la Préfecture campait sur sa position, la FFM est intervenue à notre demande (Alors que c'était un trial Ufolep) et il y a eu le déblocage immédiat suite à un échange FFM/Préfecture. 

Il faut savoir également que chaque Préfecture applique les textes à sa façon et nous pourrons nous appuyer sur le représentant de la FFM qui a un siège de droit à la CDSR (Commission Départementale Sécurité Routière) qui donne un avis au Préfet pour l'autorisation de nos trials. 

Cet appui va devenir essentiel devant la pression de la dimension environnementale, il ne faut pas se voiler la face, les pouvoirs publics ont dans le collimateur l'enduro et le trial cela se traduit clairement dans le texte de cet été, la FFM va devenir un recours quasi systématique pour faire entendre que nous ne sommes pas des "destructeurs" de la flore et la faune... 

Il ne faut pas perdre de vue que nous ne sommes pas seuls... il y a des textes qui régissent la pratique du trial en loisir compétitif et en dehors, il y a une "responsabilité" des organisateurs de plus en plus importante puisque le nouveau texte a créé une responsabilité "pénale" dans le cadre d'organisation dites "sauvage"... c'est dur pour des bénévoles mais c'est ainsi, on ne peut pas leur reprocher de se prémunir contre cela. 

 

Des outils mis à disposition pour faciliter les organisations : La FFM a mis les clubs au centre de sa stratégie et ceux ci disposent la possibilité d'obtenir une aide financière pour boucler leur le budget des clubs car il ne faut pas se voiler la face, une majorité de trial équilibre juste leurs comptes, souvent c'est le point restauration buvette qui laisse un peu de marge.Cette aide financière donne aux clubs un ballon d'oxygène permettant d'envisager leur développement au bénéfice des adhérents et participants. D'autres outils sont disponibles pour optimiser les calendriers, améliorer la communication des clubs et promouvoir les événements des clubs... sans compter que les structures départementales de la FFM regroupant les clubs favorisent les échanges inter disciplinaires et agissent au niveau local (par exemple. Le comité départemental de Vaucluse a écrit à la Présidente du Projet Parc du Ventoux pour la sensibiliser sur nos activités "motorisées"). 

 

Nous sommes au début d'une aventure que nous devons écrire ensemble et cela est motivant.

 

Les pilotes renâclent-ils pas dès qu'on parle de "FFM" ?

 

Pour l'instant, on peut dire que oui... mais il convient d'expliquer ce passage et dissiper les blocages encore existants. J'ai expliqué à certains Présidents,aux pilotes qui m'ont apostrophé au LTC les raisons de notre choix. Le message est bien passé et a été compris. Au sein du PTC, nous avons également communiqué, cela a été validé lors de notre AG. 

J'ai écouté les doléances des pilotes, elles se classent en trois principales catégories :

 

- une mauvaise image de la FFM : Certains pilotes m'ont parlé que la politique de la FFM avant que le trial à l'ancienne soit "Ufolep"..; j'ai répondu que cela remontait à plus 20 ans, que depuis la fédé avait évolué également et qu'elle n'est plus ce qu'elle était il y a 20 ans... personnellement, j'ai pu appréhender cette évolution car moi également j'étais septique. Dans les faits, je peux dire que ce changement est palpable et bien réel ...donc avant de porter des jugements, il faut constater sur pièce, je suis intimement persuadé que cette image va vite voler en éclat.

La fédé est consciente de cette image négative, elle travaille pour la changer, cela ne se fera pas du jour au lendemain mais la démarche a été enclenchée et c'est ensemble que nous y arriverons.

 

- perte de notre "âme" : Je pense que le PTC a grandement contribué au succès du trial à l'ancienne tout en tenant compte des contraintes que nous subissons... nous avons forgé cette âme, nous y sommes attachés. pourquoi cela devrait-il changer ? 

 

Les pilotes qui ont participé au SRTC, qui était "FFM, peuvent témoigner qu'il n'y a pas eu d'évolutions négatives dans l'organisation et le déroulement du trial par rapport à ce que nous connaissions avant. La fédé n'entend pas interférer dans ce sens, elle va juste accompagner les organisateurs dans leur démarche d'organisateur. 

 

Concernant "l'âme" je pense qu'il faut plus insister pour refuser à travers les règlement l'arrivée de la propension au pilotage "moderne" (je me réjouis du résultat positif du sondage réalisé par le club organisateur des 2 Jours de la Costa Brava en Espagne concernant l'interdiction des déplacements) et l'arrivée de moto à la technologie plus moderne. La FFM partage notre point de vue, la notion de "Label" va prendre tout son sens... 

 

Tarif trop élevé : C'est un sujet récurrent que nous rencontrons également concernant les tarifs d'inscription au trial... La question est plutôt pourquoi paye t-on ? Alors il faut relativiser. le trial demeure le sport mécanique le moins cher à pratiquer, même comparé à de nombreuses autres activités autres que mécaniques, il reste très abordable dans le cadre d'une pratique organisée. Bien sur pratiquer seul dans son coin sera toujours plus économique mais cela a ses limites car la trial se vit à travers nos organisations où le partage et le loisir compétitif prennent leur sens.

 

La FFM propose de nombreux services directs ou indirects justifiant un surcoût des licences de pratiquant. 

 

- Une couverture d'assurance complète et performante : Dans l'ancien schéma d'organisation, nous proposions rien dans ce domaine et nous en informions le pilote même si souvent il n'en n'appréhendait pas la portée. Avec la licence FFM, le rapatriement, le complément d'indemnisation, une part des IJSS et d'autres couvertures sont prises en charge, c'est plus rassurant pour le pratiquant et pour l'organisateur. 

- Un portail internet pour une prise de licence facile et rapide

 

- les services proposés aux clubs ont un coût avec des équipes de professionnels au service de la pratique, des pilotes et des clubs... les aides financières, le tout concourant à l'organisation des trials... car sans épreuves que deviendrait le trial ? Pas grand chose, ce n'est pas les réseaux sociaux et la collection dans son garage qui vont faire vivre notre discipline.

 

En revanche, je veux bien entendre que maintenant, nous avons deux fédérations et donc deux licences pour rouler de ce fait nous devons travailler à travers le label pour proposer un seul schéma et les pistes qui s'ouvrent à nous sont encourageantes avec des clubs déjà bien connus et des nouveaux. L'offre de de trial 100 % ancienne va vite s'étoffer et la question ne se posera plus.

 

Le trial à l'ancienne est né, s'est développé, maintenant il est considéré comme une véritable discipline, il doit s'adapter pour continuer à exister et au PTC nous pensons que la FFM est la structure la plus adaptée pour poursuivre cette belle aventure avec les pilotes et passionnés.

 

Bien sur, nous restons à l'écoute pour toutes questions et nous vous donnons rendez vous au VTC 2019 spécial Mick Andrews.